A première vue, si l'on tient compte de la cabine 8% plus spacieuse de l'Embraer Phenom 300, le Citation CJ4 et le Phenom 300 ne devraient pas se retrouver en concurrence frontale. Effectivement le CJ4 est un « jet léger » avec une cabine de 1m45 de hauteur et une MMD (masse maximale au décollage) de moins de 8 tonnes et le Phenom 300 est un « jet super léger » avec une cabine de 1m50 de hauteur et une MMD de plus de 8 tonnes. Mais la frontière est ténue car moins 500kg séparent les deux avions. De plus, contrairement à ce que l'on pourrait penser, le CJ4 est plus long que le Phenom 300 : 16,26m pour le CJ4, 15,6m pour le Phenom 300. En réalité, les deux avions sont très proches avec un prix d'achat et des performances qui sont similaires. La comparaison devient inévitable.
Le lancement du CJ4 a été annoncé à la conférence NBAA en 2006, exactement un an après celui au Phenom 300. Premières livraisons pour le CJ4 en 2010 et pour le Phenom 300 en 2009. Cessna a pris en compte la menace brésilienne et ne s'est pas contenté de lancer une version allongée du CJ3. Pour optimiser les performances du CJ4, le constructeur américain a fait le choix de remplacer l'aile trapézoïdale du CJ3 par une aile en flèche inspirée du Citation Sovereign. Cessna a choisi également des moteurs Williams FJ44-4A offrant plus de puissance que les Pratt et Whitney PE535E du Phenom 300, ce qui explique un coût horaire légèrement supérieur.
Dans sa configuration la plus classique, le CJ4 peut accueillir 7 ou 8 passagers, 6 sur des sièges individuels et 1 ou 2 sur une banquette dans l'entrée face à une porte privée du hublot que l'on trouve sur le CJ3. La cabine ressemble fortement à celle d'un CJ3 avec son club de 4 sièges au centre. Les passagers installés sur les places arrières du CJ4 apprécieront d'avoir des tablettes pour poser leur plateau-repas. C'est une option qui n'existe pas sur le Phenom 300, même sur sa toute dernière version. D'après des clients connaissant les deux avions, les sièges du CJ4 seraient les plus confortables mais la différence est subtile. La cabine du CJ4 est également plus silencieuse que celle des premiers Phenom 300, ce qui permet d'apprécier son système de divertissement à bord, plus développé que celui de l'avion brésilien. Le CJ4 a aussi pour atout face à son concurrent d'avoir des aérofreins variables, ce qui permet un freinage plus progressif et donc plus doux pour les passagers. Sur le Phenom 300, c'est du tout ou rien, et la sortie des aérofreins peut être perçue comme une légère turbulence.
Côté avionique, il y a une vraie différence entre la solution Collins Proline 21 du CJ4 et le Garmin 3000 du Phenom 300. Ici, les avis sont complètement partagés. Certains pilotes ne jurent que par le Proline 21, d'autres par le Garmin 3000.
Dans tous les autres domaines, le CJ4 est battu par le Phenom 300. Dès l'accès à l'avion, l'impression n'est pas la même. La petite échelle pliable du CJ4 n'a rien à voir avec le majestueux escalier éclairé du Phenom 300. En termes de performances, le CJ4 est dépassé par le Phenom 300, que ce soit en vol ou à l'atterrissage. Les freins carbone « brake-by-wire » du Phenom 300 surclassent les freins hydrauliques du CJ4. De plus, contrairement au 300, il n'est pas possible de faire le plein de carburant lorsque vous faites le plein de passagers. La soute à bagage de l'avion brésilien est plus grande et sa configuration bien plus pratique. Aucun problème pour loger six sacs de golf et des valises. Difficile de faire de même sur le CJ4. Et pour finir, non seulement la cabine du CJ4 est plus petite, mais en plus, les toilettes sont moins accueillantes : pas de hublots et pas d'évier comme sur le Phenom.
Cessna n'a pas pris de risques en lançant le CJ4. Contrairement à Embraer qui est parti d'une feuille blanche pour concevoir le Phenom 300, le constructeur américain a fait le choix de solutions éprouvées couronnées de succès par le passé. Le résultat est un avion très réussi et très apprécié par ses passagers, comme le prouvent notamment ses bonnes ventes. Son seul point faible, et il n'est pas de son ressort, est l'existence de son concurrent brésilien.
S. D.
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